SOUTIEN AUX "AMISOL"
Article de la Vie Ouvrière de 1976
La plainte des ouvriers d'Amisol revient devant la Chambre de l’Instruction autrement composée, le 20 novembre prochain, étant rappelé que depuis le 21 mars 2006 le dossier, qui avait été suivi par deux Juges d’Instruction successivement à Clermont-Ferrand, a été transmis, malgré l’opposition des victimes, au Pôle Santé Publique de Paris.
Les victimes avaient alors fait valoir leur volonté de continuer à ce que cette affaire soit traitée judiciairement à proximité du lieu où les fautes avaient été commises, et que les responsables soient traduits devant le Tribunal Correctionnel de Clermont-Ferrand, dans la mesure où c’est dans cette ville que le scandale de l’amiante avait éclaté pour la première fois et était devenu visible dans l’opinion publique au travers de l’action conjointe d’Henri PEZERAT, Toxicologue à Jussieu, et les ouvrières d’AMISOL dans les années 70, entraînant une mobilisation importante de la population de Clermont-Ferrand.
L'HISTORIQUE en quelques lignes
Les ouvrières d'Amisol sont à l'origine d'une des plaintes, la CGT se porte partie civile le 1 mars 1999. Seul Monsieur Claude CHOPIN, fils du fondateur de l’entreprise, a pu être mis en examen en 1999, deux ans après l’ouverture de l’information. La difficulté du dossier tient au fait que Monsieur Claude CHOPIN n’a exercé ses fonctions que pendant une brève période de six mois, de mars à décembre 1974, c’est-à-dire jusqu’à la fermeture, à la suite de la mise en règlement judiciaire de la Société AMISOL. La défense de Monsieur Claude CHOPIN consiste à dire que sa seule responsabilité pénale personnelle ne peut être engagée dans la mesure où il était jeune, qu’il avait occupé ses fonctions à la demande de son père sans avoir aucune autonomie vis-à-vis de lui et pendant quelques mois seulement, qu’il ignorait complètement les dangers de l’amiante,
Or, si Monsieur Claude CHOPIN n’est devenu Président-Directeur Général qu’en 1974, il a travaillé dans l’entreprise, au service commercial, auparavant. S’il est devenu PDG en juin 1974, il avait été nommé Administrateur dès mars 1974, au moment de la démission de son père. Par ailleurs, le Préfet de l’époque n’était autre que l’oncle de Monsieur Claude CHOPIN, frère de Maurice, ceci pouvant expliquer l’inertie des pouvoirs publics à faire cesser une situation de danger qui était manifeste.
Il résulte du dossier d’information que les conditions de travail étaient moyenâgeuses, les ballots d’amiante étaient débourrés à la fourche par des salariés seulement équipés d’un foulard, et, par le seul fait de traverser l’atelier de filature, le visiteur était couvert d’amiante. Le Médecin du Travail en charge des employés de la Société AMISOL de 1971 à 1973, dénonçait la totale indifférence du PDG de la Société AMISOL qu’il avait vivement interpelé sur les conditions de travail et l’absence de réaction de l’Inspecteur du Travail.
Il était relevé que l’inspection de la Sécurité Sociale avait effectué des mises en demeure après un comptage de particules dans l’atmosphère, notamment après la constatation de vingt-sept cas d’asbestose entre 1968 et 1975, un cas de mésothéliome et des décès imputables à l’asbestose. Monsieur MARINC, Inspecteur du Travail à la Direction Régionale du Travail et de l’Emploi, en 1972, devant l’impassibilité de l’entrepreneur, avait dressé un procès-verbal après mise en demeure de se mettre en conformité avec la législation sur l’aspiration des poussières résultant du Décret du 10 juillet 1913. Pour toute réponse, Monsieur Maurice CHOPIN menaçait de délocaliser la production dans les pays de l’Est et de « créer dans une région où le climat social est meilleur qu’à Clermont-Ferrand une unité de stockage des produits importés ». Une arme encore bien utilisée par le MEDEF.
Dix huit ans ont passé : Notre Coordination doit se saisir de cette date pour affirmer notre soutien aux victimes, au Caper Auvergne et exiger de voir juger au Pénal tous les patrons empoisonneurs.
Toutes les associations se connectent sur le site de l’Elysée : vous pouvez envoyer un mail à François Hollande, vous envoyez le message suivant (texte validé par nos avocats) : Monsieur le Président de la République, Le 20 novembre 2014 va être jugé en Cour d’appel de Paris, l’appel de Claude CHOPIN PDG d’Amisol. Il est grand temps que le Parquet engage ses responsabilités et prenne en considération les victimes de cette entreprise empoisonnées par l’amiante en envoyant Claude CHOPIN devant le Tribunal Correctionnel pour répondre de ses actes. Dix huit ans que la première plainte a été déposée, il est insupportable pour nos victimes, pour nos malades, pour leurs familles que la justice ne soit pas encore passée. Formule de Politesse.
Chacun de nous par ce geste nous témoignerons de notre volonté de voir les patrons empoisonneurs être traduits devant les tribunaux. Car il n'y a pas de République si la justice sociale continue à être bafouée. Tous à vos écrans pour que notre cyber manifestation soit une réussite, une preuve que nous ne lâcherons rien.
JV
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