DECLARATION DE LA CAVAM
DECLARATION DE LA CAVAM
Jean Marc Ségurel membre du bureau de la CAVAM et président du CErader24 a répondu à l'invitation de la FILPAC, et a représenté les deux entités.
Son intervention a permis :
- d'une part d'informer ceux qui ont une méconnaissance des conséquences des expositions professionnelles,
- et d'autre part de rappeler le rôle des associations, qui pourrait être oublié. . .
"Bonjour à toutes et à tous, c’est au titre de président du CERADER 24 Mais aussi en tant que membre du bureau de la CAVAM (coordination des associations des victimes de l’amiante et des maladies dues au travail que je me présente à vous.
Notre association CERADER 24(Collectif d’Elimination Rapide de l’Amiante et Défense des Exposés aux Risques) a été créée en 2003.
Elle compte actuellement 500 adhérents dont environs 409 dossiers de malades et malheureusement 128 décès.
Une de nos activités est en priorité la défense des victimes (malades ou ayant droit) en les aidant à remplir un dossier et à les soutenir devant les différents tribunaux à l’aide de nos avocats et de nos adhérents.
Certes cela devient de plus en plus difficile, mais nous ne dévions pas de notre ligne de conduite qui est : « l’humain d’abord »
Et ces cancers qui sont si difficiles à soigner, ne vaudrait-il pas mieux s’en préoccuper avant qu’ils apparaissent.
Cela s’appelle de la prévention (autre branche de notre activité), qui permet d’éliminer les risques avant que les maladies surviennent.
Mais beaucoup préfèrent l’ignorer car la prévention est à la charge de l’employeur alors que la maladie est elle prise en charge par la sécurité sociale.
Je n’en dirai pas plus.
Vous me direz : mais que vient faire une association comme celle-ci dans notre congrès ?
Déjà je vous répondrais que c’est à la demande de Jean Pierre que j’ai accepté de venir vous parler.
Bien que l’utilisation de l’amiante soit interdite depuis 1997 elle est toujours présente dans notre environnement.
On a commencé par les industriels grands consommateurs et utilisateurs d’amiante.
Bien des sites dont certains de votre corporation ont été classés comme sites ouvrant droit à l’AACATA.
Et c’est à ce moment qu’ont été créées des associations pour monter des dossiers de salariés pour un départ en AACATA ;
Puis sont venus les malades, avec tout leur lot de peines et de malheurs.
Les associations ont donc constitué des dossiers de reconnaissance en maladie professionnelle.
Ce qui a entraîné des poursuites contre les employeurs pour faute inexcusable.
Donc énormément de travail pour les bénévoles de ces associations soutenues bien entendu par un cabinet d’avocats.
Puis poussant un peu plus loin la réflexion, les associations ont monté des dossiers pour le préjudice d’anxiété pour défendre les salariés, car sachant que la période d’incubation pour déclarer une maladie due à l’amiante peut aller jusqu’à 40 ans, imaginez l’angoisse pour un salarié ayant travaillé en contact avec l’amiante de vivre en attendant que la maladie se déclare.
Tout ceci les employeurs le savaient bien avant 1997
Pour cela, je vais vous faire un peu d’histoire :
C’est en 1906 que Denis AURIBAULT inspecteur du travail fait un rapport sur la surmortalité des ouvriers dans une usine de textiles de Condé sur Noireau utilisant de l’amiante.
En 1914 un article d’une page entière de l’Humanité dénonce la dangerosité du matériau.
En 1945 création du tableau 25 des maladies professionnelles reconnaissant les « fibroses pulmonaires consécutives à l'inhalation des poussières de silice et amiantifères » comme une maladie professionnelle.
En 1950, création du tableau 30 de classification des maladies professionnelles pour prendre en charge l’asbestose comme pathologie spécifique à l’amiante. L’employeur ne peut plus ignorer le risque
En 1955 une étude de l’épidémiologiste britannique Richard DOLL prouve le lien entre l’amiante et le cancer du poumon.
En 1960 une étude du docteur Wagner sur des mineurs d’Afrique du Sud prouve que c’est bien l’amiante qui est à l’origine du mésothéliome. Le docteur Wagner révèle que le cancer de la plèvre touche aussi les riverains des mines.
Ces personnes que l’ont nommerait aujourd’hui lanceurs d’alerte n’ont pas été écoutées.
Et plus près de nous en 1975, le premier scandale de l’amiante en France. Les chercheurs de la faculté de JUSSIEU à Paris découvrent que leur établissement est isolé à l’amiante.
Ils révèlent aussi la situation dans les usines de transformation.
En 1976, le tableau N°30 des maladies professionnelles est modifié et prend en compte le cancer du poumon et le mésothéliome.
Et pendant plus de 13 ans (de sa création en 1976 à sa dissolution en 1985) Les industriels de l’amiante regroupés au sein du CPA (comité permanent amiante) et sous tutelle de l’INRS, se sont largement employés, en l’absence d’une volonté politique des pouvoirs publics à dissimuler et minimiser les dangers de ce matériau.
Pour arriver à 1997 avec l’interdiction de la fabrication, de l’importation et commercialisation de l’amiante en France.
Il a fallu attendre 90 ans pour l’interdiction de ce poison.
Et notre deuxième champ d’activité concerne la prévention contre ce matériau.
Car bien qu’il ait été interdit depuis 1997 il est encore bien présent dans notre vie, dans bien des bâtiments construits avant cette date.
Il suffit de regarder autour de vous.
Nous venons en aide à ceux qui nous le demandent en tant que conseil, pour les démarches à entreprendre.
La gestion et le traitement des déchets d’amiante aussi fait partie de notre combat et nous militons au sein de la CAVAM pour la création d’un pôle public d’éradication de l’amiante.
Nous nous battons tant sur le plan départemental que sur le plan régional pour que l’accueil de l’amiante soit gratuit pour les particuliers dans les déchèteries.
Pour éviter de voir fleurir des décharges sauvages.
Mais nous soutenons des solutions alternatives l’enfouissement de l’amiante, qui s’intègrent très bien dans notre projet de pôle public d’éradication de l’amiante.
Mais maintenant notre coordination nationale et ses 23 associations (ce qui représente 7000 adhérents) a élargi son champ d’action aux autres maladies dues au travail et notamment les CMR
La création de 2 nouveaux tableaux de maladie professionnelle (N°101 concernant les affections cancéreuses provoquées par le trichloréthylène ; N°102 concernant le cancer de la prostate provoqué par les pesticides) élargit encore plus notre champ d’action.
Certes cela représente beaucoup de travail mais tous ces bénévoles sont motivés et ne lâchent rien
Et en cette période compliquée que nous vivons, deux mots me semblent importants :
Le premier c’est le mot « solidarité » car nous en avons tous besoin et nous devrions tous en faire preuve surtout en ces temps difficiles.
Le second c’est le mot » bénévole » car toutes les associations en ont besoin pour leur bon fonctionnement.
Et malheureusement ce mot-là, on tend à le faire disparaître alors que les milliers d’associations sur le territoire sont nécessaires à notre pays pour que le premier mot que j’ai cité trouve sa justification.
Mais je prêche devant une assemblée de convaincus puisque vous êtes là.
Je me tiens à votre disposition si vous souhaitez des renseignements supplémentaires.
Et je finirai par cette citation :
« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire. »
Mer Merci de votre attention.