Comment y croire ?
Emboîtant le pas du Président de la république qui s’était prononcé sur le sujet à la sortie du confinement, le nouveau 1er ministre dans son élocution de politique générale a affirmé « nous allons remettre en service le train des primeurs Perpignan / Rungis, et relancer le transport par fret » voir notre article du 21juin 2020 sous le titre " Mon dernier train " il était question de la suppression du train des primeurs.
Question : au regard des positions précédentes du gouvernement en place, positions qui n’ont fait qu’appuyer celles prises par les gouvernements précédents, cela amorce un virage politique à 180 ° Comment y croire ?
En effet :
Il y a 4 ans la Sncf annonçait la suppression totale de tous les trains de nuit (à l’exception de 2 destinations l’une vers Briançon, l’autre vers les Pyrénées). Dans le même temps la poursuite de la fermeture des petites lignes s’accentuait.
En transformant la SNCF en « société anonyme », le gouvernement a démontré sa non-volonté de porter une politique des transports.
A contrario, à l’image de ces prédécesseurs, il porte une politique en franche opposition au grenelle de l’environnement qui voulait « déjà il y a 13 ans » développer le transport ferroviaire.
Résultat :
- concurrence libre et non faussée - privatisation et transformation des usagers en clients,
- le tout TGV, divisé en identités indépendantes : TER – Ouigo – Inouï – Thalys
- abandon inavoué du fret et de ses infrastructures : la fermeture des lignes non rentables étant souvent liées et/ou accompagnées de la suppression des embranchements particuliers en nombre (un embranchement particulier est un ensemble de voies reliées aux voies SNCF qui desservent des entreprises).
- un plan de transport fret devenu inadapté par manque de moyens, qui ne correspond pas aux nouveaux besoins
Donc à la suite de la crise sanitaire, des élections municipales, et le souffle du vent d’écologie voilà qu’il va s’agir maintenant de nouveau de re ouvrir les petites lignes, de relancer fret et les trains de nuit ! Comment y croire ?
Si nous sommes en totale opposition avec ce qu’est devenu le secteur voyageur de l’ex-Société Nationale, et de son rôle de service public, la dégringolade organisée du fret ferroviaire nous interpelle depuis toujours.
La seule logique environnementale et écologique se suffirait à elle-même, mais nous pensons aussi que le transport par fer a un rôle fondamental à jouer dans l’articulation et la réalisation du projet, lui aussi écologique, que la CAVAM soutient. La mise en œuvre par étapes et la gestion des déchets amiante avec en bout de chaîne la création d’un pôle public de l’éradication, peut prendre force et se développer en donnant priorité au fer dans l’acheminement des déchets. L’implantation des sites d’inertage devraient s’inscrire dans cette logique
L’annonce du 1er ministre, comme tout ce qui touche l’actualité du moment, s’accompagne de déblocage de milliards. Il en faudra beaucoup plus que le nombre évoqué, pour répondre à la réalité de l’état des lieux.
Lorsque la SNCF était SNCF, elle maillait son réseau, et rendait compatible l’aspect public voyageurs, et les besoins
pour le fret. Tout en régulant l’acheminement des wagons isolés et celui des trains dits entiers, à partir d’embranchement. Une logistique qui doit reprendre sa place dans le nouveau concert industriel, qui répondrait à la réalisation soutenue par la CAVAM.
Il ne faudra plus se contenter « d’effet d’annonce »